parking/classement

l’état d’ébriété le faisait classer sans relâche de vieilles factures datant de 2006, des tickets restaurants, des emballages alimentaires parfois qu’il perforait et mettait à la fin du classeur / j’ai retrouvé trop tard chez lui le classeur c’était un classeur comme ces cadeaux publicitaires que l’on reçoit dans les entreprises, un classeur orange avec des publicités de garages et de serruriers et aussi de dépannages en tout genre, il le rangeait dans l’armoire de la cuisine avec les ustensiles et les patates, je l’ai retrouvé en voulant mettre de l’ordre et quand je l’ai saisi pleins de miettes sont tombées, des miettes des emballages alimentaires et des bouloches de papiers (tickets de caisse certainement passés à la machine à laver, estropiés, retrouvés et classés quand même – au cas où), je l’ai retrouvé et au milieu des bilans médicaux, des contrôles de la thyroïde, quatre photos qu’il n’avait certainement pas prises, il disait toujours il me fait chier ce minolta comment tu veux que je me trimballe ça, je vais pas le mettre dans un sac comme une bonne femme quand même, et j’avais tellement honte mais je comprenais bien que ce n’était pas pratique et que ça pesait lourd même en vacances alors je ne disais rien et je le prenais quelques fois et surtout le reste de la famille

ici un intérieur, la seule photographie couleur, je reconnais l’appartement de claudine

elle vient d’emménager, elle a mis des plantes un peu partout elle a entendu que c’était

bon pour les énergies, que ça circule mieux quand y a beaucoup de plantes et bon pour

le moral peut-être, il y a un canapé avec trop de coussins, toujours le souci du confort

et le souci des autres, est-ce qu’ils sont bien assis qu’est-ce qu’ils vont dire, la lumière est

basse, on dirait qu’un invité a pris la photo, ce n’est certainement pas claudine, pas assez

fière, tellement discrète et avec le visage dans ses souliers, je déteste cette photo

ici un champs rasé pelé une sorte de stade au milieu, personne ne joue au ballon,

il y a deux grands hauts parleurs ou lampadaires comme sur des échasses qui donnent

l’impression d’être des panoptiques, le ciel est égal, il y a des arbres tranchants il y a

quand même du plat, du plat, LES ENORMES TRUCS SUR ECHASSES a bien y regarder on

dirait des pommiers avec de longues tiges ou des tournesols sur troncs, il n y a rien à voir

ici l’entrée d’un centre commercial mal cadrée, un lampion de noël, des guirlandes

lumineuses, une grosse étoile vers l’entrée qui indique des soldes ou des affaires à

saisir, à saisir tout de suite, des offres exceptionnelles, il adorait la viande il pouvait ne

manger que ça sans légumes sans riz sans rien, la viande et les endives au jambon alors

il allait plusieurs fois par semaine guetter les offres parce que c’était rudement cher

et s’il y avait des entrecôtes même deux francs de moins il prenait, il disait ça vaut la

peine, mais quelle peine ? 

ici un camion blanc avec un panneau protecteur sur le pare-brise et une table de 

ping-pong pas loin, comme s’il fallait jouer vers les parkings, comme si le loisir était

partout même vers les camions de déménageurs, il faut optimiser le loisir il faut le 

mettre là aussi, dès qu’on peut, petite place vide hop table de ping pong, petite place

vide hop stade de foot petite place vide hop carrousels ici, inimaginable d’imaginer des

gens prendre des raquettes pour venir jouer ici précisément, la photo est précise sûre

nette voulue, je me demande qui dans la famille s’intéresse à ça, ça ne peut être qu’une

erreur et je l’espère même de tout mon cœur 

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