il y a des marie rivière de pauvresses, des marlon brando glabres et palots, il y a des boissons qu’on ne sait même plus aimer, qu’on avale d’une traite pour aligner deux mots, il y a les mêmes mots derrière chaque quatrième de couverture, des promesses d’épopées, des histoires à glacer le sang, des contes du terroir, du glam’, du cul, des parodies bdsm, manifestes en carton, de la poésie avec, en couverture, des femmes stylisées en robe de feu ou des fleurs fânées ou des salamandres, des moralistes à deux sous, de la politique-vin de table, du vinaigre dans nos gorges et nos phrases et du miel sous nos paumes, suivant qui nous adresse un sourire au coin d’une table, un événement clinquant entre une station de tri des déchets et un hypermarché discount, il y a des beautés froides qu’on gratte en attendant un feu de colonie, des marshmallows, des bois hantés, il y a les mêmes figures, les mêmes accolades avec deux tons au-dessus, on s’appelle camarades parmi, on ne sait plus qui rigole ou qui pleure (on a des masques hygiéniques sur la gueule – cause de pandémie), il y a viens je te présente à machine, elle pourra t’octroyer une bourse dans six ans si tu parles de la redécouverte littéraire du romanche, et lui, si tu l’as dans la poche, il peut balancer ton prénom dans le discours de remerciement à la fin du festival, surtout si tu aides au démontage (tu ne seras pas payé, mais son frère est vigneron et il a une cave à deux minutes du parking), parfois on monte le son, on ose un déhanchement, mais très vite on re-baisse le volume et on s’immobilise, coupable d’avoir montré du dynamisme (c’est toujours vulgaire, le dynamisme, c’est pas un truc d’intellectuel, trop de mouvements, ou le relâchement). une fois dans le mois il ya des épiphanies : la bonne heure avec la bonne personne, parler de poésie ou des galinettes cendrées, mais dans la foulée on se sera fait bousculer trois fois, pour aller engloutir des biscuits apéros, la première fois on pourra reprendre la conversation (ah oui ! Gilbert-lecomte…) mais la deuxième déjà le regard se fait un peu plus vide, la troisième nous perdra, et on se surprend nous aussi à faire la queue pour un bretzel ou une câpre (on voudrait celle avec l’anchois tout autour, mais il est déployé, disséqué plus loin sur l’assiette), en attendant on fait semblant de se souvenir de ton nom – rien de plus simple : articuler dans le vide, sans aucun son, jusqu’à ce que l’interlocuteur finisse, gêné, par se nommer, puis la conversation reprend, sans grande conviction, déjà morte six fois, la voix qui cahote, attend n’importe quoi de l’extérieur pour se briser, disparaître, et alors là, là on pourra sourire avec dents et gencives, rotation timide, échappée, les jambes à son cou, on tiendra encore deux heures pour faire bonne figure, faire la girouette avec son verre, puis partir, dire merci, ah oui merci beaucoup, merci… vraiment ! et le lieu… Et l’organisation ! Rien n’aurait été possible sans… Ah? (articule dans le vide) bien sûr. le chemin du retour, les oreilles qui sifflent, puis bourdonnent, les prénoms qui se brassent dans la tête, aucun intérêt, on arrive chez soi et on se remet à lire, puis le lendemain face à l’agenda, fébrile, interdit, on coche la prochaine date, et on remet ça