si je mets
si je touche ou si je mets, une mèche de cheveu derrière l’oreille? et mon poing, au fond de ta gorge? si je prends tes jambes comme si elles n’existaient pas, si j’écarte tes genoux, si je te fais deviner nos prénoms en utilisant uniquement nos poignets, je m’excuse, tu rigoles, je te demande d’arrêter de rire, et si je mets ma main contre ta joue comme consolation, est-ce que tu la retires, jusqu’où mettre de son corps dans l’autre, vous pleurez ? vous écrivez. Cela se voit. dans la tête, la phrase du film India song : cela se voit à votre manière de vous taire. la seule vulgarité qui effraie c’est de paraître ridicule, le vertige qui suit le pas de travers, le son étrange, le membre qui bascule ou déboîte, la seule outrance c’est de mettre des mots dessus, conceptualiser le, ah, nous y sommes, je touche l’intérieur de tes joues avec mon pouce, il y restait des choses à dire. je laisse l’espace pour sentir celui microscopique entre les phalanges, les dermes qui se frottent encore un peu loin, un soupir brutal, on savait que ça allait être bien, on a plus envie de rire, de grosses larmes qui coulent et rejoignent les, ah ben non, le majeur et l’index qui tirent sur les commissures, je suis déjà derrière sans l’au revoir des premiers mécanismes, l’autre dans l’échine, devant le vide et toujours le sourire absurde des deux doigts, les hanches enserrées comme sur nos croix, j’encercle, il paraît qu’avec une grille ça fait un jeu, rien ne saigne, les poignets toujours alertes, qu’est-ce que tu psaumes, tu me parles des cartes de tarot, des associations d’arcanes, il y a ma langue vers ta clavicule, tu ne parles plus, j’ai presque envie de te faire parler et de deviner le tirage, peut-être que l’ultime érotisme est la rencontre des chevilles, le soir, dos contre dos, dans son monde, quand le bas du corps décide de rejoindre l’extrémité de l’autre, j’ai toujours les pieds froids, tu as ta paume sous mon nombril, je ne t’ai rien demandé. la pression qui fait dire, qui fait penser au hurlement à la fin du même film, tu ne m’en veux pas si je te raconte la fin? j’ai ma langue dans ta bouche et déjà un discours en moins, tu te remets à rire en disant que je n’ai fait que de tourner autour de toi, d’abord derrière à, tu demandes à nouveau la main sur la joue. il fait trop nuit, on ressemble juste à une pietà, et au final on est à deux mètres l’un de l’autre et on sourit et je me demande uniquement si remettre des cheveux derrière ton oreille déclencherait un monde.