en attendant reposoir

des princes sans mérite se retournent sur eux-mêmes, des cols de velours, des odeurs de vies statiques qui embaument les mouvements des autres, ils sont là. Ils se tiennent forcément en face, ils feront tous pour rester en face, seuls les yeux se déplacent dans les champs de vision et c’est déjà trop. des Perses de souvenir et des breloques de canailles, tout une artillerie autour des poignets, fugaces comme des chats, des idées croisées, des cauchemars. elles coucheront bientôt des toiles et des tapisseries de papier japonais, leur intériorité dans une salle qui elle seule peut exploser le rectangle coincé dans leurs têtes, une salle pas plus carrée que leur géométrie intime mais qui relève de la sécurité, parce que bois et crépis, et tout ce qui a déjà fait ses preuves. elles ne partagent aucun sang, mais le même regard sur le sensible, des trous qui visent et vident, pour remplir ailleurs de pigments et de crasses, la crasse des enfants et la craie, la matière créée, un Jourdain impossible sous les lèvres, du carmin pour se cacher derrière et surtout, deux corps qui malheureusement ne sont pas invisibles, et ce soir-là elles se cachent des princes et des lumières sales du carré autre que celui des parois intérieures, un carré social où se retrouvent ceux qui ne partagent pas les mêmes espaces évidés, bref, elles ingurgitent ce qui peut les assommer un peu, pour oublier les regards de ceux dont les vies sont immobiles et les angoisses longues, les dents étroites, les cheveux ondulés, des attitudes de chérubins dégueulasses, des hanches maudites, ceux qui pensent connaître la vie mais ne connaissent que le triangle obscur que trace leurs yeux – trous directs qui remontent au cerveau aléatoire, ne connaissent que leurs oeillères, qui les transforment instantanément en bêtes plutôt qu’en rois, qui hennissent, ont des balafres qui ne se referment pas, pas de scintillements possibles dans leurs manches à jeter sur le passage des Autres, pas de peau lisse et monochrome sous leurs habits tristes. elles auront l’audace d’isoler leurs rêves des loups sans couronnes, de se garder d’espérer des vies en vitesse, et croupiront sous des arbres les corps efflanqués de ceux qui ont pensé, un jour, imposer leurs mondes dans les cercles de ceux qui ont leurs regards braqués sur leurs godasses.

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