C’est un jour de cartomancie.
Elle pèle l’agrume dont seule
la peau est gâtée
Et ça pourrait être un haïku, alors que c’est juste de la malchance.
Ou une question d’angle. Le ciel tape jaune. La ville est peuplée d’écrivains tristes qui s’ignorent. Parfois l’un deux prend la parole pour les autres, le soir autour d’une table, il a réussi à sortir un livre. Prince et garant d’une vérité, il reste en noir, le visage anguleux, et nous condamne écoliers ou mages hallucinés. On sort en cortèges, on frappe à sa porte. On veut entendre, on veut lire les misères qui pousse au mouvement précis et violent de la main sur la surface possible. On boit sa présence.
Les autres, au petit jour, perdent l’usage de la poésie et les automatismes se remettent en branle. La poésie se love comme un animal amer dans les jupes d’un tronc ou des larmes
Une semaine et le même vernis rouge craquelé sur les ongles. Exemple typique. Dépression. Actes entrecoupés plus que des jours : pas envie de finir de vernir, ni envie de retirer la couche à coup de dissolvant. Hier, j’ai vu dans tes yeux la tristesse de ne pas réussir à créer de mouvements entre nous.
Café, pétrifiée, train, pas mieux, lit, long – temps – plane. Il dit : il faut hiérarchiser les pensées, là vous mettez tout au même niveau !
C’est vrai qu’elle pense à lui comme elle pense à faire des courses ou à aérer les pièces. Et dans cette urgence il y a le spectre de la création qui flotte comme une ballerine au-dessus de leurs visages hébétés.
Un jour un abruti a dit, il pensait bien faire : le malheur ça peut être quelque chose de beau avec toi. Elle se voit comme un tapis de bain.
⁄⁄ ça fait trois heures que tu fixes le cadran de la fenêtre. Il faudrait croire au printemps, tout courbe l’échine dans ce sens. Il faut le voir, il s’imprime sur la façade de l’immeuble d’en face (zoom, dépassement de l’encadrement de la vitre), découpe de l’arbre en dorure et fleurs imaginaires.
Lucas est l’archange aux pieds plats (elle glisse des références partout pour se flatter elle-même, et rire) c’est ce qui fait avancer les jours.