encore une soirée à chialer en dedans en buvant du rouge (ça pose le cadre ça c’est bien)
de la peine à voir les contours des choses et les limites, le vin qu’on m’a recommandé est bio et coûte 7 balles, catharsis mélodique, j’accepte les codes, je regarde
le langage sera forcément un enclos ce soir et les jours à venir, où se situe la mollesse
cahier scolaire : ‘Laure fait toujours le minimum demandé’ – mondes alternatifs avec murs en velours, concentration petite-bourgeoise devant des performances qui crient ce qu’il faudrait faire, l’ultraviolence qui stagne dans les rotules et les poignets, on ne sait plus qui on laisse se crucifier, on sait juste qu’il y a des pâquerettes et peu de monde au rendez-vous, on ne sait pas si le sang à l’intérieur de nos paumes est ce qu’il est ou s’il s’agit de la terre, de la boue, et nous faisons tous des couronnes de fleurs, à se languir dans nos fanges, comme des odalisques énervées, toujours avec la même patience et les mêmes condamnations, à terre quand même, pieds liés, je coche les cases, j’attends,
la digestion : il a dit c’est le moment où on accepte de prendre ce qu’on veut pour s’en nourrir, avaler une partie, reposer l’autre, ne plus se soucier de ce qui est métabolisé ou abandonné. j’ai dit dans un grand sourire que je me nourrissais de l’autre (oui, sûrement toi) mais si je pouvais laisser la mastication en dehors de nous ça irait aussi.
en remontant le cours d’eau l’autre soir, la rivière était étirée comme un ventre
chacun traîne ses transferts, dans sa poche ou comme des insectes de compagnie,
l’ancien amoureux immodéré, les solitaires parentifiés. je pense juste qu’à deux reprises j’étais trop sensible, les machineries ont réveillé des trucs. humanoïdes associés dans
cette crasse d’esthètes, métal hurlant jusque dans le corridor, jusque dans la voiture, le petit matin, le thé superinfusé et pas de souvenirs de larmes, juste des brins d’herbes dans les cheveux, des clous dans le lit, froissé des ‘autres qui nourrissent’, grand sourire, gorgée de vin, associés jusqu’où dans nos grilles ? parfois – culpabilité de lire la collection blanche de Gallimard. lire c’est choisir, boire aussi, et pourtant on est à son aise que sur le sol dégueulasse, dans le silence de nos ventres, dans le grondement de nos tempes (c’est la performance ou ?)