l’été finit toujours par pourrir

je ne sais plus où situer la chaleur. je sais qu’elle n’est pas toujours élévation. je sais que les pire mollesses et les hébétements se font au bord des petits lacs, après de longues heures de réception, de fête au soleil, de scansions internes. chiens de l’attente qui jappent les rayons, s’offusquent des ombrages. on s’éclabousse et on regarde envisage dévisage tout, on se réjouit des corps offerts, des effusions du tout-venant.

retrouvé aujourd’hui le cahier de T. quelle idée d’écrire pour des prénoms! j’ai ouvert ce carnet en écrivant le sien. plus fort qu’un chapitre ou qu’un faux titre. le nom d’une ère, à cette époque. nos petits jeux langagiers reportés dans les pages salies, nos retrouvailles dans ces petites villes de France sans nom, avec tous les visages possibles, qu’on s’amusait à faire éclore ou démolir. la rencontre de nos trapèzes, dormir collés et se dégager le matin, se dégouter de tant de corps parfois et retourner à nos caprices d’intellectuels. nier ce qui part des épaules aux orteils. réciter des poésies et croire que c’est cela, l’amour, tout romancer sans se défouler.

nous n’aurions jamais connu d’été. trop à l’intérieur, à croire à notre pâleur. pourtant un hâle absurde sur la peau, des envies primaires qui nous ont fichu la nausée. deux cavaliers sans chevaux dans des écuries de vent ! à trouver ravissant ces indigestions de mots à toujours jurer par l’écrit, l’écrit, l’écrit. ça pend encore, on ne s’en débarrasse pas ! sous la semelle, ce besoin après une journée vulgaire parmi les sensations et les sociabilités de COUCHER sur le papier, dégobiller le baratin mental ou les aliments du lobe pariétal (ha! ha! encore le plaisir des sons!) et les sens, pour les chiens, des miettes de pain aux oiseaux bâtards. avant toi, bien tentée de connaître leurs noms et leurs habitats, temps de gestation, curieuse de la nature et des pépiements. après toi, la même chose. mais des chaînes qui rappellent à la chaleur écrasante, à cette saison qui n’en finit pas mais qui pourrit de fleurs et d’encens, qui forme quand même des petites flaques qui nous égaient. je vous vois, des bourgeons en couronne sur le front, magnifiés des longues journées.

je me voudrais moins cavalière, pour proposer à tous ces errants maladroits de baiser, raviver par flots les membres, coordonner tout cela, les bouquets qui se reforment dans les creux, les lèvres qui raniment les pâquerettes thoraciques. les chevaux courent dans la mer et le décalage se fait dans le sable, à l’ombre d’un parasol, et s’écoulent les heures et les gens dans le même déferlement – coulissement – mordoré, le miel des jours, tout de même, l’été.

je ne signerai plus les écrits de prénoms car les cristallisations ne prennent pas l’eau, et qu’en état de canicule, il faut oser faire hennir les chevaux des plaisirs, et multiplier les lettres coûte que coûte sans nom propre. (le sale prend des bains de mer, a le corps en groseilles).

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