le court-circuit se fait. depuis quelques heures déjà. il y a une structure; la fuite. ils rigolent. le squelette c’est la disparition. tout fuse de partout, on est réceptif à l’herbe (on l’entend pousser) on est réceptif à sa peau, on ressent chaque intérieur comme une nausée. le corps qui cogne du dedans pour entrer. le corps qui toque. soudain trop conscient de lui-même et des MOTS qui sortent sans demander, dans une brusquerie dégueulasse, qui conditionnent le corps et l’autre, l’inconnu, sur la même parcelle. les mots qui rangent et qui avalent et n’assimilent jamais le silence. boire beaucoup de thé ça permet de canaliser et d’éviter les palpitations. ça dirige tout droit resserre l’étau de la bouche ça dirige le bon vers l’autre. aujourd’hui il y a eu à nouveau l’ultraconscience du corps, comme un électro-choc, tout d’un coup, tout ressentir : l’air sur les chevilles en même temps que la pression sur la hanche et les cils qui gênent l’oeil et le désir d’avaler sa salive ou de tousser, toute cette machinerie qui ne se repose jamais qui dégoûte parfois de tout ce qu’elle peut prévoir. quand il y a cette conscience tout d’un coup on devient muet on regarde sans regarder devant et on ne sait plus comment rebondir sur les paroles déjà mortes, on ne sait plus s’il faut sauter à pieds joints dessus ou penser cérémonies, au-delà, prières, ramassis de trucs perdus sur les autels, on se sert alors de ses mains pour distraire. magiciens du vides et des débris de mots. les mains pour le théâtre du silence. une fois l’espace social rétrécit ou disparu, à nouveau seul sur le trajet du retour, l’envie de pleurer cette demi-immobilité. celle du trop penser. successivement dans la tête : l’envie de dormir pour passer au jour suivant, l’envie de regarder pleins d’images ou d’écouter de la musique pour noyer l’instant, inviter d’autres gens, toujours plus, se démultiplier pour se fatiguer, etc.